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"Apprendre à vivre signifie accepter l'attente, la suspension, l'incertitude. Assimiler lentement l'idée que le vide que l'on porte en soi ne pourra jamais être tout à fait comblé. Qu'il nous manquera toujours quelque chose. Et c'est cette absence qui caractérise notre rapport au temps, à l'amour..."
Le plus dur est de faire comprendre cette souffrance que l'on a en soit. Cette souffrance que l'on cache, que l'on ne laisse jamais transparaître aux yeux des autres. De l'extérieur, tout semble aller pour le mieux. On a tout. Presque absolument tout. La beauté, l'intelligence, la sensibilité, une famille, des amis,.. Tu n'es pas malade. Et pourtant, tu l'es, mais dans le sens inacceptable du terme parce que, aux yeux des autres, c'est toi la cause de ta maladie. C'est toi qui décide de ne pas manger, toi qui vide le placard avant de te faire vomir, toi qui ne fait aucun effort.. Comment faire comprendre aux autres que dans ce tout magnifique, il manque l'essentiel ? Par ce que, au fond, on a envie de rien, on ne sait pas ce que l'on veut, ce que l'on désire, ce dont on rêve...On sait seulement qu'il faut faire quelque chose... Réagir... faire en sorte que tout redevienne comme avant, il le faut !
Mais d'abord, c'était comment "avant" ? Pour moi, tout faire pour être "comme avant" n'a aucun sens puisque je ne sais pas ce que cela signifie... Je ne me souviens plus, j'ai l'impression que ma vie a toujours tourné autour de ces obsessions. Manger, pas manger, balance, grosse, vomir, maigrir,............. souffrir
Et pourtant j'ai eu une vie avant tout ça. Mais je ne sais plus comment c'était. Tout est fermé à clef.
Je ne sais plus à qui parler. Plus de psy, plus d'amis et surtout, plus envie. Ma famille semble vraiment plus sereine maintenant et je ne veux pas remettre le feu aux poudres, de toute façon, pour quoi faire ? Et je n'arrive plus à me livrer à J et JC, même si je les vois tous les jours, même si je sais que je peux venir vers eux si ça ne va pas, je ne peux plus... Trop peur de décevoir, marre de tourner en rond, l'impression que personne ne peut plus rien faire pour moi alors à quoi bon raconter encore ma vie.... De toute façon qui est près à entendre et comprendre à quel point je ne contrôle plus rien ? A qui pourrai-je expliquer que je n'arrive pas à manger sans me faire vomir après... que je ne prends plus le temps de jouer du piano car tous les après-midi quand je rentre du travail j'enchaîne les crises ? Que je préfère travailler plus tard pour ne pas rentrer chez moi, en sachant le combat perdu d'avance qui m'attends ? Que je me sens terriblement seule ? Qui peut entendre ça ? Personne. Je pense que lorsque l'on ne vit pas la chose, il est impossible de ne pas se laisser envahir par les reproches, les sentiments négatifs parce que cela paraît impossible de ne pas réussir à contrôler ces pulsions. "Personne ne te force à te mettre deux doigts au fond de la gorge". Soit. Et bien bonne journée et merci d'être venue...
Je n'arrive plus à casser le cercle. je ne trouve plus les ressources nécessaires... Alors je me laisse aspirer et j'attends. Peut être qu'avant de toucher le fond j'apercevrai de nouveau un peu de lumière et cela me sera suffisant pour remonter à la surface l'espace d'un instant, juste le temps de respirer un peu d'air pur.. Avant de replonger encore une fois....
