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- "Mademoiselle, vous allez faire une prise de sang demain matin à la 1ère heure et vous revenez me voir directement quand vous avez les résultats. A partir de là, je vais m'occuper de vous faire un dossier afin que vous soyez hospitalisée rapidement"
- ".... Je veux pas aller à l'hôpital"
- "Si ça continue, c'est aux urgence sous perfusion que vous allez vous retrouver, j'imagine que c'est pas non plus ce que vous voulez ? Parce que là ça sera encore moins drôle !"
- "........... Non plus"
- "Trés bien, à demain alors, je compte sur vous"
Serre la main du médecin - Sors - Monte dans la voiture - Commence à mettre le contact mais sans succès - Tête écrasée contre le volant, chiale tout ce que tu peux.
Le lendemain, tu arrives au labo, tu t'annonces, tu vas en salle d'attente la tête dans le brouillard.T'as passé la nuit à cogiter, c'est quand même grave d'avoir fait tout ça pour en arriver là, retour à la case départ. Hors de question, tu peux pas accepter un truc comme ça, creuse, va plus loin, il reste forcément des réserves. Effectivement... Tu te lèves au moment où l'infirmière arrive, invente une excuse bidon et te barre presque en courant. Y'aura pas de prise de sang, pas de médecin, pas d'Hôpital. En rentrant t'achètes les croissants, tu les poses sur la table du ptit dej et tu fais un grand sourire. Sauf que personne n'est con.
Depuis, je me bats vraiment à chaque repas pour ne pas finir aux toilettes. Alors bien sur, ça marche pas tout le temps, on est pas au pays des bisounours mais alors que je gardais vraiment pas beaucoup de repas, (genre des fois même pas un par jour) là par exemple vendredi je me suis fixée comme objectif de pas vomir du w.e et j'ai réussi ! C'est juste une épreuve à chaque fois en fait. Si je regarde sur la semaine par exemple, cela me fait trop peur et me décourage à la fois. Du coup j'ai décidé de pas me prendre la tête et d'y aller repas après repas. De juste être contente si j'ai réussi au lieu de me dire qu'un repas c'est rien et qu'il y en a des tonnes d'autres encore.
Toute seule, je n'y arriverais pas. J et JC m'aident beaucoup, sans eux ça serait pas possible. On discute beaucoup, je comprends des choses et il y a comme une sorte de "contrat moral". Je DOIS aller mieux, après tout ce qu'ils font pour moi, je suis obligée d'essayer, de faire des efforts, ce qui est juste normal en fait ^^
Ici, je n'arrive pas à définir ce que je vis. J'y réfléchis des fois, j'aimerai vous en parler, vous faire comprendre ce que je ressens, etc... Mais je ne trouve pas les mots, la façon de formuler, de tourner les phrases pour décrire exactement. Que cela soit à l'écrit ou même à l'oral, quand j'essaye d'expliquer je n'y arrive pas du coup personne ne comprend à quel point ça me change d'être là-bas. Mais tant pis, j'en ai marre de rendre des comptes, si les gens ne comprennent pas, pensent que je me la coule douce, se disent que c'est juste trop bizarre d'habiter chez sa prof de piano, etc etc et ben TANT PIS POUR EUX. Franchement j'en ai rien à foutre.
Au fur et à mesure, je suis en train de me construire une nouvelle vie, j'ai sûrement trouvé mon appart à Lyon, j'attends la réponse pour la fac de bio à Lyon 1 (sans grande conviction, c'est juste pour pas rien faire de mon année ^^) et surtout, je laisse le piano reprendre sa place, celle qu'il aurait du garder. Je vais essayer de rentrer au conservatoire de Villeurbanne, audition et tout le tralala mais j'y crois, ça me regonfle à bloc rien que de m'imaginer l'année prochaine à travailler mon piano, monter des projets, des concerts, faire de la musique de chambre, etc... Je sais pas comment j'ai pu penser une seule seconde que je pourrai laisser le piano de côté, le temps de mes études (c'est à dire 10 ans en médecine)... Maintenant c'est fini, j'écoute mes envies, du moins avec la musique (j'en suis pas encore à acheter un Paris-Brest quand je passe devant une boulangerie en rêvant de manger ce truc !).
Voila pour les nouvelles, je ne vous cache pas que c'est pas rose tous les jours mais bon, jsuis pas plus malheureuse que n'importe qui sur cette planète... On a tous des soucis, plus ou moins importants mais le principal je pense c'est ce qu'on en fait. Comment on se sert de nos faiblesse, pour en faire des forces et avancer dans la vie coûte que coûte ! Je sais qu'il y a un "après" ce truc qui m'étouffe, me prend mon énergie, et j'essaye de me persuader que ce sera une vie exceptionnelle ! Alors qui serait assez fou pour renoncer avant d'avoir connu ça ??
<3
Ps : Mon blog avait 2 ans hier, c'est fou, déja !... Merci à vous d'être toujours là et de plus en plus nombreux, avec vos messages de soutien et d'encouragement !
Coeurs sur vous ;)
